chronique Daniel - décembre 2003

C’est autour de l’ordinateur que cela se passe…

 

Plusieurs faits intervenus depuis sept ans laissent à penser qu’il faut désormais que les constructeurs d’ordinateur se concentrent un peu moins sur ce qui se passe à l’écran et davantage sur ce qui se situe autour…

Le premier s’appelle l’iMac qui même s’il remonte à 1997 a marqué le retour d’Apple sur le devant de la scène. C’est en changeant la coque que Jobs a pu imposer un nouveau Macintosh, et un grand nombre d’innovations qui ont suivis ont délibérement été dans le même sens. Aujourd’hui, dans le monde PC, certains constructeurs copient ouvertement cette approche, ayant compris que s’il fallait innover c’était en ce sens : rendre toute cette quincaillerie un peu plus humaine !

Le second phénomène s’appelle les Pokémon. Apparu en 1996 au Japon et vers 1999 en France, ce jeu se situait totalement à contre-courant d’une la mode qui appelait des graphismes toujours plus beaux, des visuels en 3D et millions de couleurs. Ce qui a fait le succès de ce jeu au scénario banal et au look minimaliste, c’est qu’une vie sociale pouvait s’organiser autour, les lycéens s’échangeant gaiment les Pokémon qu’ils avaient glanés, pour compléter leur collection.

Le troisième type d’objet qui attire l’attention, c’est un ensemble de jouets fabriqués par Berchet. Le premier était le « clavier des bébés », un clavier muni d’un petit nombre de touches énormes, proposé avec des jeux tellement simplistes qu’il eut été quasi impossible de les vendre en temps normal. Les bambins ont sérieusement accroché et il s’en est vendu des dizaines de milliers d’exemplaires. Récemment, Berchet a récidivé avec une interface-jouet pour lecteur de DVD (DVD-Kids) qui se contente de 5 touches colorées, livré là encore avec un DVD au contenu tellement réduit que l’on crierait au scandale s’il était vendu seul. Une fois de plus, les enfants s’approprient naturellement l’objet.

Enfin, cet été, Sony a fait mouche avec un jeu, Eye toy, qui utilise une caméra reliée à la PlayStation 2. C’est en agitant leurs bras et les pieds, en tapant sur des personnages avec leur main, tandis qu’ils se voient à l’écran, que les enfants interagissent avec la console. Le succès a été immédiat - 250 000 exemplaires au cours du seul été pour ce jeu qui remise la manette au placard.

Dans ces quatre cas de figure, l’innovation a été de s’appuyer sur quelque chose situé à l’extérieur de l’écran… Et l’on se dit alors qu’il y aurait sans doute fort à faire pour améliorer les interfaces qui nous relient à nos ordinateurs usuels.

Une caméra présente sur le moniteur pourrait servir à divers égards. Il n’est pas question d’agiter les mains devant comme sur Eye Toy, ce serait peu efficace dans des travaux de dessin ou de bureautique. Mais le système pourrait reconnaître l’utilisateur et afficher ses icônes bien à lui, dès qu’il s’assoeit devant l’écran. Mais le fait de toucher l’écran pourrait souvent remplacer la souris : entourer un paragraphe à formater à l’aide du doigt ou d’un stylet ne serait-il pas plus direct et agréable ? De même, faire un geste vers l’imprimante pourrait suffire à lancer l’impression.

Au niveau du clavier, il y a matière à une forte amélioration. De nombreux logiciels utilisent les touches de fonction, chacun leur assignant des tâches différentes. Pourquoi ne pas les remplacer par des touches lumineuses qui afficheraient leur usage à un moment donné ? Par exemple, au lieu de voir apparaître F3, nous verrions la mention « outil loupe » dans un programme de retouche photo, la mention « mixage » dans un logiciel de musique… De même, le fait d’appuyer sur Pomme ou Ctrl ferait apparaître sur d’autres touches quelle est leur fonction temporaire.

Enfin, pour un grand nombre de logiciels notamment ceux de dessins, la présence d’une palette graphique est bien plus pratique qu’une souris. L’astuce pourrait consister à intégrer une telle surface sous forme amovible dans les portables, prête à servir.

Dans la mesure où Apple maîtrise en parallèle le logiciel et le système, ce constructeur semble le mieux placé pour amorcer une telle évolution.

Daniel Ichbiah